Culture en intérieur, le rapport qu’il faut avoir lu

Salut les aquaponistes,

Toujours en avance sur le vieux continent, les États-Unis sont encore précurseurs en Aquaponie et culture d’intérieur et de nombreuses fermes aquaponiques tournent à plein régime depuis des années. Tout un écosystème de startups se développe dans le domaine de la culture urbaine qui propose un retour à la nature dans les anciennes friches industrielles ou chez les particuliers en ville.

L’avantage de la culture intérieure est qu’on maîtrise finement les conditions de croissances des plantes (température, humidité, luminosité, taux de nutriments, etc.). Pour créer ces conditions à l’échelle commerciale, il est nécessaire de se doter de capteurs et d’un système centralisé de collecte des données pour pouvoir contrôler et ajuster les paramètres.

La société Agrylist propose une plateforme SaaS qui permet de suivre les cultures et nous gratifie d’un rapport gratuit et bourré d’informations intéressantes. Allison Kopf, la fondatrice d’Agrylist, nous a autorisé à publier des morceaux choisis de son rapport et c’est avec plaisir que nous essayons de résumer tout ça dans un article. Comme dit Allison: « Agrilyst is the intelligence platform for indoor farms. Growers can sign up for free on our website ».

Intitulée « State of indoor farming« ,  l’étude proposée rassemble les réponses de 150 cultivateurs d’intérieur du monde entier pour mesurer les gains par rapport à une culture traditionnelle en extérieur.

 

Tous les types de culture sont inclus dans le rapport, que ce soit en sol, en hydroponie, en aéroponie, en culture verticale ou bien sûr en aquaponie (sinon on n’en aurait pas parlé 🙂 ).

Sur le graphique suivant on voit bien l’apparition forte des nouvelles formes de culture d’intérieur par rapport aux traditionnelles serres à savoir la culture verticale et les containers comme lieux de culture.

Crédits: Agrylist.com

 

Au prix d’une consommation d’énergie supérieure par rapport à la culture en extérieur, la culture indoor propose une amélioration impressionnante des rendements. Ce rapport a le mérite de donner des chiffres ce qui est toujours plus convaincant qu’un message du style « c’est incroyable comme ça pousse vite ». Productivité multipliée par 23 pour la laitue, par 4000 pour légumes/herbes/microgreens et 9000  pour le cannabis (Aquaponie France décline toute responsabilité pour vos ennuis avec la justice 🙂 ).

Crédits: Agrylist.com

Trois raisons majeures à ces chiffres magiques d’accroissement de la productivité:

  • Des récoltes qui s’effectuent toute l’année
  • Une densification des cultures
  • Un prix de vente plus élevé grâce à des ventes locales en direct

 

L’étude nous propose un exemple de ferme aquaponique située à Brooklyn: Edenworks. Jason Green (ça ne s’invente pas) a fondé cette société en 2013. Après quatre années de Recherche et Développement pour créer un système de culture en terre couplant les bienfaits du compostage avec l’aquaponie. Edenworks lance sa première unité de production focalisée sur les microgreens (jeunes pousses) et prévoit de produire 68 tonnes de végétaux ainsi que 23 tonnes de poissons vendus séparément. Pour compenser les économies d’échelle que font les agriculteurs en extérieur, Jason et son équipe d’ingénieurs ont développé un ensemble de capteurs reliés à un système d’information capable de prendre des décisions sur les variations de températures ou la densité des semis par exemple. L’automatisation est la clé pour produire à moindre coûts.

Pour résumer, un étude très intéressante, vous trouverez beaucoup d’exemples qui devraient vous inspirer pour vous lancer dans la culture d’intérieur pilotée par l’électronique et l’informatique. Probablement un avant-goût des changements importants qui vont se produire dans un avenir proche.

 

La même présentation en vidéo:

 

Cheers.

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4 commentaires sur “Culture en intérieur, le rapport qu’il faut avoir lu

  1. Les infos sont toujours intéressantes, et d’autant plus quand on a des données chiffrées.
    Cependant, il ne faut pas négliger l’aspect durable et économe en énergie. Si l’on souhaite, comme de plus en plus de néo-paysans, produire une nourriture saine ET protéger la planète, il me semble que les solutions sans chauffage ni lumière artificielle sont à privilégier. Les systèmes tout informatique, souvent énergivores, sont plus à même de créer des revenus importants uniquement parce que ces modèles, très capitalistiques, externalisent une grande partie de leurs coûts (principalement écologiques) en les faisant subir à la communauté. Ils sont souvent très gourmands en capitaux, ce qui les oblige à se mettre dans les mains des banques ou autres investisseurs, et font rarement de vieux os… A l’inverse, les systèmes peu dépendants des capitaux sont plus résilients…
    My 2 cents…

    • Bonjour Laurent,
      Si j’en crois cette vidéo très intéressante https://www.youtube.com/watch?v=3rtEMp8_7z4 : chaque paysan avait un endettement de 58K€ en 1980 et 160K€ en 2010. On voit bien que l’agriculture classique consomme énormément de capitaux (mécanisation, pétrole, pesticides, semences, etc.). La question est « est-ce que le modèle de la culture indoor bio coûte moins cher ? ». Je n’ai évidemment pas la réponse.
      Sur la partie énergivore, l’informatique pure ne requiert que peu de ressources. Je place des capteurs dans ma serre qui communiquent en Wifi avec mon PC chez moi, ça consomme peu.
      Pour le chauffage, il faudrait effectivement optimiser avec des serres enterrées et passives + des puits canadiens pour réguler.
      La lumière pas de miracle, il faut éclairer. On peut juste imaginer que l’énergie photovoltaïque soit un jour moins cher et moins polluante qu’EDF afin qu’on puisse l’utiliser massivement.
      Perso, je suis toujours étonné de voir le peu d’aides publiques pour les agriculteurs qui passent au bio. On a désormais les preuves que les pesticides nous empoisonnent et coûtent cher à la société. Aujourd’hui on taxe fortement le tabac, en toute logique il faudrait aussi taxer tous les produits non bio.
      Dernière remarque: si tous les gros cerveaux de cette planète travaillaient pour produire bio plutôt que pour développer des réseaux sociaux et des moteurs de recherche, on ferait rapidement des pas de géants. Mais c’est un autre débat…

      • Bonjour Norbert,
        En fait, ce n’est pas avec l’agriculture traditionnelle qu’il faut comparer, car cette dernière est obsolète. Mais comparer les modèles alternatifs « économes » avec les modèles hyper-intensifs tels qu’évoqués dans l’étude. Par exemple, les automatismes de serres qui ouvrent et ferment les ouvrants en fonction des températures, du vent et de l’hygrométrie sont très énergivores, alors que les mêmes opérations gérées manuellement sont beaucoup plus économes. De même, faire le choix de produire des légumes de saison plutôt que des fraises en hiver évite de chauffer les serres… L’énergie la plus propre est celle qu’on ne consomme pas.
        Les auteurs de l’étude commercialisent des systèmes de régulation, et cherchent à montrer que l’investissement dans leur système est rentable car permettant des gains de temps et de productivité => diminution du nombre d’emplois et augmentation des revenus d’exploitation pour les actionnaires. Ca me paraît désastreux aujourd’hui…
        Amitiés

        • Bonsoir Laurent,
          Complètement en phase avec ce que vous dites: remettre l’humain au centre, s’inspirer des modèles comme peut le proposer la ferme du Bec Hellouin pour produire différemment, s’inspirer des propositions de l’association négaWatt pour réduire les besoins énergétiques, etc.
          Mais tout ceci prendra énormément de temps pour convertir toute l’agriculture. A mon avis il est très intéressant de proposer un modèle intermédiaire, imparfait mais plus abordable par la masse.
          Je suis bien conscient qu’Agrylist pousse dans ce sens pour vendre son offre et probablement pas pour sauver la planète. Mais opposer systématiquement actionnaire et emploi ne me semble pas une bonne idée. Ça décrédibilise les nouvelles propositions (en gros des réactionnaires de gauche écolo baba) et bloque tout le monde pour inventer un nouveau modèle comme par exemple l’entreprenariat social. Ce n’est pas parce qu’on a besoin de capitaux que ce n’est pas une voie à suivre, il faut juste s’assurer que le système est équilibré.
          Ce n’est bien entendu que mon opinion 🙂

          Bien cordialement

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